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A maux couverts

21 septembre 2018

Septembre 2018

Je pourrais reprendre la phrase d'intro de mon article précédent. Ça va même au delà : j'avais tout simplement oublié l'existence de ce blog. Oui, oublié. 

Mais puisque par un détour je retombe dessus, je suis comme obligée. Le même jeu. Où j'en suis.

Ça va être rapide : tout a changé. L. est née. Elle est née. Et tout a changé. 

Alors non, on n'a toujours pas d'amis à Lyon. Non, je n'ai pas redonné à mon travail le sens qu'il avait autrefois, à Grigny, quand aller travailler c'était aller retrouver mes amies. 

Elle est née et je suis maman. Alors non ça ne change pas ma vie du tout au tout comme on le dit parfois, non ça ne change pas la personne que je suis. Mais sa naissance a mis fin à l'attente, à l'impatience, à la PMA (pour l'instant en tout cas) qui étaient les fondements de mes blogs. 

Je n'ai plus rien à raconter sur l'autre blog. Ici j'aurais plein de choses à dire, sur la grossesse qui est allée tellement vite qu'un mois après j'avais oublié avoir été enceinte, sur la petite qui grandit si vite que je n'ai pas le temps de noter pour plus tard... Mais je n'ai plus de mots. Plus de mots parce que je n'ai pas de maux (oui ce jeu de mots est toujours aussi pourri, mais pour moi il fait sens, et ici c'est chez moi).

Je n'écris pas ça parce que je suis naïve, ou parce que je serais tombée dans le "ma vie commence avec la naissance de mon enfant". Non. C'est juste que en ce moment, je vais bien. Je suis heureuse. Alors je savoure mon bonheur. Parce que je sais que c'est fragile, le bonheur. 

 

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30 août 2017

Août 2017

Il a fallu que je réfléchisse quelques secondes. Pour retrouver le nom de ce blog. 

Je relis le dernier article, et je me dis qu'il faut que je rejoue le jeu. L'enjeu est le même : écrire pour moi, pour me livrer vraiment. Pas pour ceux qui me lisent.

Sur l'autre blog, je sèche. La page blanche. Peut-être est-ce provisoire, peut-être pas. 

Le dernier article date du 30 avril 2016. Jouer au jeu des 7 différences avec avril 2017 serait facile. 

En avril 2017 j'étais enceinte. Je l'ai été 42 jours exactement. Ce qui est très long si l'on considère que dès le début j'ai su que cette grossesse n'en était pas une, et qu'il fallait y mettre fin. Extra-utérine, non évolutive ? Je ne le saurai jamais. Mais comme il faut bien se construire avec un passé on retiendra le terme de GEU, qui a l'avantage d'être un acronyme moche, pour une histoire moche. 

Entre avril 2016 et aujourd'hui, qu'est-ce qui a changé ? J'avais fait des catégories, je vais le refaire.

- la PMA. En avril 2016 je ne parlais pas de PMA mais d'envie de bébé. Bon et ben là je crois que je peux parler de PMA. Une fiv, une GEU, une deuxième FIV dans quelques jours... pas de doute possible sur ce plan là j'ai avancé. Et même si au fond j'en suis toujours au même point : ni maman ni enceinte, impossible de dire qu'il n'y a pas eu de changement. 

Parce que la PMA m'a bouffé tout le reste. Nous nous sommes mis en repli de nos relations sociales : vacances annulées parce que stimulation, vacances annulée parce que GEU. Nous nous sommes repliés sur nous deux. 

Ce n'est pas que la PMA, je le sais bien. Il a fallu nous rendre à l'évidence : en 2 ans à Lyon nous ne nous sommes pas fait un ami. Tout juste avons-nous entretenu de bonnes relations avec nos collègues respectifs, ce qui nous a valu d'être invités à un mariage du côté de Jul et à un dîner du mien. 

Je crois que j'ai traversé une période douloureuse aussi. Rentrée en larmes de la soirée de fin d'année à 23h parce que je m'y ennuyais. Pas d'ami. Et la nécessité de me remettre en cause : je ne suis pas quelqu'un de sociable. Ce sont mes amis qui le sont, ce sont eux qui sont venus me chercher. 

(J'ai abandonné les catégories, tant pis, ce sera tout décousu).

Professionnellement : un contexte vraiment difficile l'année écoulée. Pour le dire en un mot, une catastrophe. Pas pour moi, pour le collège. Une chef nulle qui a fait couler le bateau en moins de deux. Mais une catastrophe dont j'aurais pu tirer parti, dans l'exaltation de la (g)rêve générale. Et puis non. Une perte d'estime de moi-même en tant que prof. Plus de projet, plus de souffle, plus d'envie. 

Bon je ne sais pas si ça m'aide beaucoup cet article. Je ne pensais pas que j'allais me lamenter autant.

Je m'arrête là, je conclus pour mémoire, pour la prochaine fois que je reviendrai :

nous sommes le 30 août 2017, je suis au début de la stimulation de ma deuxième FIV, et je crois bien que je suis un peu déprimée. 

30 avril 2016

Faire le point

Je ne m'y attendais pas. A réécrire un jour ici. 

J'avais laissé ce blog à l'abandon. Ces pages sur un coin de la toile comme une trace d'une période passée. 

Je ne m'y attendais pas, jusqu'à ce que j'en ressente le besoin. De me livrer vraiment. D'écrire pour moi, pas pour être lue, comme je le faisais avant.

En vrai je ne l'avais pas complètement abandonné ce blog. J'y suis revenue de temps en temps, en lectrice. Relire pour redécouvrir mes états d'âme d'avant. Comme ce matin. Le besoin de faire un bilan.

Alors voilà. Avril 2016. C19 J31 (j'ai dû faire une rapide recherche pour retrouver ce décompte. Signe que les choses ont bien changé). Des douleurs qui annoncent un C20 pour demain ou après demain. Un cycle de 31 ou 32 jours, comme avant.

Je viens de relire mon article d'avril 2015. Pour rejouer au petit jeu du "un an après".

Pour le coup, le jeu des 7 différences a été facile. En avril 2015 pour la première fois j'envisage enfin la possibilité d'un achat. Une semaine après cet article, le 2 mai (je m'en souviens parce que le vendredi était férié, et l'agent immobilier est revenu bosser le samedi just pour nous) on visitait cet appartement. L'appartement du bonheur, vraiment. Aucun regret d'acune sorte à ce sujet là. Même la fameuse 2ème chambre si peu souvent utilisée, je continue à l'adorer.

Et puis je relis cet article d'octobre 2015. Et je joue au même jeu. En une année scolaire, pas encore terminée, mais qui touche à sa fin, quel bilan ? 

- en terme de rencontres : c'est faible. Une soirée chez une nouvelle collègue, mais une relation qui peine à se transformer réellement en amitié. De ma faute d'ailleurs. Je ne suis pas très douée pour ça je crois.

- sur le front de notre envie de bébé : ben, je viens de le dire. C19 J31, bientôt C20. Pas d'inscription en PMA. En octobre je glissais dans une pochette violette mes résultats d'examens médicaux. En avril, la pochette est orange et a de nombreux onglets pour mieux trier. Mais elle n'est toujours remplie que de résultats d'examen. Pas de prise en charge à 100%, pas de compte rendu d'IAC. 

- je reviens aux rencontres. Des rencontres j'en ai fait des tas, des très belles. Des rencontres virtuelles, mais avec des filles auxquelles je me suis réellement attachée.

- notre nouvelle vie à Lyon. Je continue à préférer bien sûr. A me sentir plus heureuse. Mais. Je ne sais pas, une petite baisse de l'enthousiasme. Une ville que j'aurais aimé découvrir mieux que ça. Une tendance à se laisser peut-être un peu trop enfermer dans notre quartier, "nos" bars. Dans le quotidien en fait, tout simplement.

- trois annonces de grossesses, trois naissances. (et nous et nous et nous ?)

- un projet de voyage pour lequel je n'arrive pas à m'enthousisamer pleinement. La faute à Zika. Seulement ?

Je ne le trouve pas glorieux ce bilan. Une petite impression que ma vie stagne. 

Plus heureuse qu'il y a un an : oui, sans aucun doute. Plus heureuse qu'il y a 6 mois ? 

28 décembre 2015

Où Sol se réjouit d'avoir survécu à un nouveau Noël

J’ai survécu au débarquement familial général (qui n’est pas terminé, on reçoit encore mon père et sa compagne demain, mais bon, on en voit le bout.) Ouf !

Mon compteur affiche C15 J30. J’étais tellement persuadée que mes règles allaient débarquer à J28 à cause de clomid que ça fait trois jours que je crois les voir arriver tout le temps… mais non. Bon, je n’oublie pas que mon cycle normal est de 32 jours, donc on ne s’emballe pas (hein, la moi-qui-espère-trop !)

Chéri qui n’est vraiment pas au fait de mes cycles m’a demandé hier « ça fait longtemps que tu n’as pas eu mal au ventre non ? » (Comprendre longtemps que je n’ai pas eu mes règles, chéri est pudique avec ces choses-là). Ça m’a fait plaisir que ce soit lui qui me dise ça. Les rôles se sont inversés par rapport au mois dernier, puisque c’est moi qui lui ai répondu non, pas encore de retard, et de toute façon je n’y crois pas pour ce mois-ci.

De toute façon, si je suis enceinte, il est probable que j’aie tué ce pauvre gosse à coups de champagne, de saumon fumé et de foie gras. 

21 décembre 2015

Dans le creux de la vague

Je suis de mauvaise humeur. Je suis fatiguée. J’ai mal au ventre.

Je me mets en colère, puis je pleure.

J’ai l’impression d’avoir mes règles en permanence. Je me force à faire l’amour. Et j’ai mal.

Ma courbe de température se fout de moi, elle se la joue montagnes russes.

Je n’aime pas l’approche de Noël. Je n’aime pas l’hiver et la nuit qui tombe tôt. Je n’aime pas la corvée que sont les cadeaux de Noël et les centres commerciaux. Je n’ai pas envie de recevoir chez moi toute la famille de chéri puis la mienne. Je n’aime pas que mes beaux parents arrivent dès dimanche soir, je n’aime pas devoir m’activer tout le week-end pour préparer leur arrivée alors que je voudrais m’effondrer dans mon canapé.

Je n’aime pas sentir que mon chéri en a marre de ma mauvaise humeur. Je n’aime pas que ma mauvaise humeur s’ajoute à la sienne parce que lui aussi est fatigué. Je n’aime pas les non-dits entre lui et moi. Je n’aime pas sa mauvaise-foi, je n’aime pas être injustement en colère contre lui. 

 

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8 décembre 2015

Ces autres dont le ventre s'arrondit

Il y a cette fille, dont je suis le blog. Je suis son blog parce qu'elle publie souvent (jusqu'à plusieurs fois par jour) et parce qu'elle et moi avons commencé nos essais peu ou prou en même temps. Elle a appris sa grossesse la semaine dernière, en C15. 

Je ne la connais pas, et je ne la connaitrai jamais. Du coup, c'était facile de la détester. De laisser s'exprimer une jalousie primaire, méchante. J'aurais pu me réjouir pour elle, y voir un signe que pour moi aussi le C15 serait le bon. Au lieu de ça, un instant, j'ai souhaité que ce ne soit pas vrai. Qu'elle se soit trompée, que la prise de sang ne confirme pas le test de grossesse positif.

C'est ça aussi internet, une fenêtre ouverte sur l'intimité des gens qu'on ne connaît pas, et un anonymat qui nous libère de toute culpabilité. Parce que ce sentiment là, cette jalousie, je la ressens à chaque annonce de grossesse dans mon entourage. Sauf que d'habitude, elle s'accompagne d'une forte dose de culpabilité, et aussi d'une joie sincère pour mes amis. 

Depuis qu'on essaie, des annonces, on en a eu quelques unes. Des plus ou moins faciles à recevoir, plus ou moins attendues. Des qui m'ont fait pleurer. Des qui m'ont très sincèrement réjouie sans arrière-pensée aucune. Des qui se sont révélées prématurées, et ça m'a fait mal. Des qui se sont faites au téléphone, d'autres en face à face, d'autres par amis interposés. Des qu'on avait devinées, d'autres qui nous ont fait tomber des nues.

Ces annonces ont toutes un point commun : elles me renvoient à mon attente à moi. Alors, comme toutes ces femmes qui essaient, j'encaisse dfficilement les C1, et je me réjouis pour les copines en galère depuis des mois. J'ai crié de joie lorsque Lucie m'a annoncé qu'après 2 fausses couches, elle était de nouveau enceinte, et j'ai pleuré avec elle à sa troisième fausse couche. En revanche, l'annonce de la fausse couche de ma cousine Clémence, que je ne savais ni enceinte ni en essai m'a laissé un drôle de goût un peu amer. 

Et puis il y a cette fille, dont je suis le blog. Cette fille qui est enceinte de 3 semaines maintenant. Cette fille que je ne connais pas. Cette fille, elle a dû en voir passer, des annonces, en 15 cycles d'essai. Eh bien cette fille, je suis drôlement contente pour elle. 

 

1 décembre 2015

Où l'on voit Sol compter les cycles et les jours

C15 J2.

J'avais perdu l'habitude de ce décompte. D'ailleurs, maintenant je ne compte plus en cycles, mais en années: 1 an, 1 an et demi... 

J'avais aussi perdu l'habitude d'y croire. Parce que ce mois-ci j'y ai cru, vraiment. Des douleurs aigues à l'ovaire aux alentours de l'ovulation, des douleurs de règles prononcées dès 9 DPO (oui, dans une vie parallèle, j'utilise des sigles comme DPO ou TO... mais je ne suis pas folle vous savez), une forte fatigue en fin de cycle. J'y ai cru. Au point d'afficher un sourire niais tout le weekend quand Clotilde était là, au point de refuser tout verre d'alcool, au point de manger ma viande bien cuite. Au point que Clotilde m'a envoyé un texto me disant qu'elle avait bien compris d'où venait la lueur dans mes yeux. 

J'avais aussi perdu l'habitude d'avoir mal lorsqu'un cycle se termine. Mal dans tous les sens du terme : un mal de ventre violent, inhabituel, cadeau paraît-il du clomid pris en début du cycle. Et une déception aussi forte que l'avait été mon espoir. Violente, elle aussi. 

Ca passera. Ca passe toujours. Mais aujourd'hui, j'ai mal. Et le spasfon n'y change rien. 

26 novembre 2015

Où l'on voit Sol pleurer dans sa soupe

Hier soir j'ai craqué. On était à table. Mon chéri était agacé, il parlait de l'organisation des vacances, de partir ou non au ski, et il m'a dit (une fois de plus) "il faudrait déjà que tu sois enceinte."

J'ai craqué en deux temps. D'abord je lui ai crié dessus ("je n'en peux plus de ce ton accusateur, tu ne peux pas dire "qu'on soit enceinte" ou "qu'on attende un enfant" ?) Et puis j'ai fondu en larmes. Des grosses larmes qui tombaient dans mon bol de soupe, le nez qui me dégoulinait jusque sur les lèvres, et de gros sanglots. La totale. 

Mon chéri a juste dit "d'accord." 

C'était injuste de ma part, injuste et injustifié. Il n'y a jamais eu autre chose dans ce "tu" que de la syntaxe, d'ailleurs je n'attends pas réellement de lui qu'il dise "on est enceinte". Ce serait ridicule. Mais il est des "tu" qui sont lourds à porter.

Au fond, je ne lui reproche rien. Ou en tout cas, si j'avais quelque chose à lui reprocher, ce ne serait pas de me tenir responsable de notre échec : ce n'est pas le cas. 

Je sais qu'à lui aussi, ça lui pèse. Les annonces successives des grossesses d'Emeline et de Julie, deux de nos proches, suffisamment proches de nous pour que l'on sache qu'elles ont débuté les essais après nous. La fausse couche de ma cousine Clémence que l'on a apprise récemment, qui nous fait entrevoir que nous ne serons peut-être pas les parents du premier né de ma famille. Je le sais, même s'il ne l'exprime pas. Mon chéri, ce n'est pas un bavard, encore moins quand il s'agit d'exprimer ses sentiments. 

Pour moi, ce mois-ci, c'est le grand retour du "psychotage" pour reprendre le terme favori des habituées des forums. Je remarque tout en faisant semblant de ne pas les remarquer des tas de petits signes : douleur à l'ovaire, douleur au ventre. Signes de rien du tout à part de l'enchaînement des phases de mon cycle, repères normalement rassurants qui me confirment qu'au moins une grossesse est possible, mais que je ne parviens pas à m'empêcher de scruter, d'interpréter. Pendant ce cycle, mes ovaires m'ont tiraillée comme jamais (en tout cas comme jamais je ne l'avais noté). C'est sans doute lié au fait que c'est mon premier cycle sous clomid. Et depuis plusieurs jours, j'ai mal au ventre, ce qui est surprenant parce que c'est bien trop tôt pour annoncer mes règles. Voila, ce ne sont sans doute des signes de rien du tout, mais c'est suffisant pour faire renaître ce qui avait disparu sous les coups des examens médicaux des derniers mois : l'espoir. 

C'est drôle comme mes cycles se suivent et ne se ressemblent pas. Mes sentiments, mes interrogations sont différents. On peut le voir à mes requêtes google : il y a un mois, mon temps libre était consacré à me renseigner sur les centres PMA, les différents services hospitaliers de médecine de la reproduction. Et là, me revoila à lire des témoignages de femmes enceintes, à scruter dans leurs symtômes ce que je retrouve dans mon corps à moi... pathétique.

J'ai parlé de mes douleurs au ventre à mon chéri. Il m'a dit "je ne veux pas de faux espoir", pour couper court à la conversation. Il a raison bien sûr, mais ça m'a attristée. Avec qui je peux parler de ce petit espoir qui renaît ce mois ci, si ce n'est avec lui ? 

En tout cas, envolée la sérénité des derniers mois. Depuis une semaine je suis à cran. Alors je crie sur mes élèves, je crie sur mon chéri, et je pleure dans ma soupe.

Ca ira mieux demain. Ca ira mieux dans une semaine. Et qui sait, peut-être (peut-être !) que ça ira mieux dans 2. J'ai le droit d'y croire, non ?

23 octobre 2015

Un an plus tard : qu'est-ce qui a changé ?

 

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Après plus d'un an, qu'est-ce qui a changé ?

La première chose qui me vient quand je regarde dans le rétroviseur l'année écoulée, c'est l'idée d'une certaine sérénité, que j'ai acquise en cours de route.

Soyons franche, un an et quelques d'essai (13 cycles dans mon cas), ça te blase. Chose que j'aurais eu du mal à croire il y a de ça quelques mois, quand chaque nouveau cycle recommencé me paraissait un drame insurmontable, à base de larmes, de déprime, de "encore un mois d'attente, comment va-t-on survivre ?" Eh bien, j'ai survécu, j'ai même vécu, et pas trop mal. Les cycles se suivent et se ressemblent, et on finit par ne plus accorder trop d'importance à leur succession. 

Quand je me revois il y a un an, ça me fait bien rire. J'étais comme toutes les filles de ces forums, que pourtant je trouvais déjà ridicules à cette époque, à me scruter, me palper à chaque fin de cycle, pour détecter l'indice d'une éventuelle grossesse. Aujourd'hui, je suis toujours dans l'attente, mais je suis plus apaisée. Pourtant, j'ai davantage de raison aujourd'hui de m'inquiéter. 

Alors, qu'est-ce qui a changé ? Le fait que je sois blasée, lassée de l'éternel recommencement de ces cycles ? Oui, sans doute, mais pas seulement. Je ne suis toujours pas enceinte. Ce qui a changé, c'est tout le reste.

Il y a plus d'un an, en août 2014. Mon chéri et moi rentrions d'un voyage formidable à l'autre bout du monde, un projet que nous avions depuis longtemps. La perspective de ce voyage nous avait enthousiasmés pendant les mois qu'ont duré sa préparation, au point de me faire trembler lorsque, 6 mois avant de partir, mes règles se sont fait attendre un peu plus longtemps que prévu (ça me paraît si irréaliste maintenant !) C'est au cours de ce voyage ? en rentrant de ce voyage ? que nous nous sommes dit que maintenant, nous voulions un petit nous. 

Il y a un an, en octobre 2014. Ce voyage effectué, plus de projet enthousiasmant à court terme. Nous étions de retour dans notre banlieue que je commençais au bout de 5 ans à avoir en horreur. Mon chéri et moi, nous avions toujours détesté la vie en banlieue, nous l'avions toujours considérée comme une étape provisoire. Mais là, presque brusquement, ce provisoire me semblé avoir trop duré. Il me restait mon travail, que j'aimais. Mais même là, ça commençait à ne plus aller. L'année dernière (je suis prof, je parle en année scolaire) j'ai eu de moins en moins de plaisir à enseigner. Difficile de discerner les causes des conséquences, tant tout s'enchevêtre : mon envie de quitter la région, le départ en 2de l'année précédente d'une génération d'élèves à laquelle je m'étais particulièrement attachée, l'ambiance au collège qui se dégradait de semaine en semaine... Finalement, la seule chose qui m'enthousiasmait encore, c'était les collègues. Par les collègues, j'entends certains collègues, les amis. Comprendre ici : Aliénor et Laureline. 

Il y a un an Aliénor, puis Laureline m'ont annoncé qu'elles ne finiraient pas l'année scolaire avec moi. Et quand elles m'ont parlé de leurs échecs précédents (la fausse couche d'Aliénor, et la GEU de Laureline), bien malgré moi j'ai été blessée. Non pas qu'elles ne m'en aient pas parlé, mais de comprendre qu'elles en avaient parlé, ensemble, pendant toute l'année précédente, qu'elles n'avaient même probablement parlé que de ça. Je me suis sentie exclue de notre petit trio, ce qui a rajouté à mon mal-être de l'époque.

Alors oui, il y a un an, j'avais hâte. Hâte d'être enceinte, au point de m'imaginer l'être à chaque fin de cycle. Au point, un soir d'ivresse, d'avoir déclaré à mes 2 amies que j'étais "sûre et certaine" de l'être car j'avais "très très" mal aux seins... avant de me réveiller avec mes règles le lendemain matin. 

Je pourrais continuer comme ça un moment... Tout ça pour dire qu'il y a un an, j'avais le sentiment que j'avais "besoin" d'être enceinte. Pour que ma vie change, pour aller de l'avant.

Alors qu'est-ce qui a changé ? Tout. Un nouvel appartement (que j'adore !), dans une ville et un quartier que j'adore. Un nouveau lieu de travail, où je suis repartie de zéro, où je retrouve le plaisir (et la difficulté, ne nous voilons pas la face) d'enseigner à un public difficile. Je redécouvre aussi le plaisir de vivre en ville, et de sortir. Alors oui, je suis loin de mes copines, mais on se parle souvent. Et puis, peut-être que passer tout mon temps au travail avec 2 mamans n'aurait pas été top, un peu à l'image de ces quelques jours passés chez Laureline cet été : j'ai adoré retrouver mes copines, mais 3 jours à régler tout notre emploi du temps sur celui de 2 bébés dont un nouveau-né, quand on n'est pas parent soi-même, c'est bien assez. 

Aujourd'hui, je me sens à ma place. Ce qui n'était pas le cas il y a un an.

Aujourd'hui j'ai toujours autant envie d'être enceinte. Mais je n'en ai sans doute plus autant besoin. 

22 octobre 2015

Un an plus tard

J'ai pris une pochette neuve. Je lui ai collé une étiquette blanche sur laquelle j'ai écrit "examens médicaux" en lettres violettes. "Examens médicaux" plutôt que "essai bébé" ou autre "projet p'tit loup", au cas où quelqu'un tomberait dessus. J'ai glissé dedans toutes les ordonnances et les résultats : recherches d'hormones, hysterographie, test post-coïtal, spermogramme. 

J'ai trouvé dans ma boîte aux lettres une enveloppe sans mention de l'expéditeur. J'ai souri en découvrant le petit bonhomme endormi sur la photo, et j'ai punaisé le faire-part dans la cuisine, à côté du calendrier. 

J'ai ouvert un fichier excell sur mon ordinateur. Je l'ai intitulé "CT.xls". CT, pour courbe de température, juste ces deux lettres, au cas où quelqu'un utiliserait mon ordinateur. Chaque matin j'y inscris ma température dans un tableau à double entrée. Chaque jour, excell transforme ce geste encore ensommeillé en une courbe bleue et rouge. 

J'ai raccroché le téléphone. J'ai ravalé le grand sourire destiné à ma copine Emeline au bout du fil. J'ai chassé les larmes que je sentais monter, et j'ai laissé résonner le "félicitations ! je suis trop heureuse pour vous !" dans le silence de la voiture, sans trop savoir quoi en faire. Puis j'ai remis le contact.

J'ai ouvert un fichier excell. Je l'ai intitulé "spermo.xls", mais je l'ai bien caché dans des dossiers et des sous dossiers (Admin>Divers>Santé>examens médicaux), au cas où quelqu'un utiliserait mon ordinateur. Dans un tableau à double entrée, j'y ai surligné les résultats encourageants en vert, les résultats inquiétants en orange et en rouge. 

J'ai refusé le verre de bière, j'ai demandé de l'eau pétillante plutôt. On m'a proposé du champagne. J'ai bu du champagne, puis du vin, puis de la prune. J'ai mangé du saumon fumé à l'apéro, j'ai mangé de la charcuterie avec ma raclette. 

J'ai écrit dans mon agenda, à la date du mercredi 28 octobre, "15h45 - RDV Dr S.". Puis j'ai entouré cette date au feutre bleu sur le calendrier de la cuisine. 

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