Après plus d'un an, qu'est-ce qui a changé ?
La première chose qui me vient quand je regarde dans le rétroviseur l'année écoulée, c'est l'idée d'une certaine sérénité, que j'ai acquise en cours de route.
Soyons franche, un an et quelques d'essai (13 cycles dans mon cas), ça te blase. Chose que j'aurais eu du mal à croire il y a de ça quelques mois, quand chaque nouveau cycle recommencé me paraissait un drame insurmontable, à base de larmes, de déprime, de "encore un mois d'attente, comment va-t-on survivre ?" Eh bien, j'ai survécu, j'ai même vécu, et pas trop mal. Les cycles se suivent et se ressemblent, et on finit par ne plus accorder trop d'importance à leur succession.
Quand je me revois il y a un an, ça me fait bien rire. J'étais comme toutes les filles de ces forums, que pourtant je trouvais déjà ridicules à cette époque, à me scruter, me palper à chaque fin de cycle, pour détecter l'indice d'une éventuelle grossesse. Aujourd'hui, je suis toujours dans l'attente, mais je suis plus apaisée. Pourtant, j'ai davantage de raison aujourd'hui de m'inquiéter.
Alors, qu'est-ce qui a changé ? Le fait que je sois blasée, lassée de l'éternel recommencement de ces cycles ? Oui, sans doute, mais pas seulement. Je ne suis toujours pas enceinte. Ce qui a changé, c'est tout le reste.
Il y a plus d'un an, en août 2014. Mon chéri et moi rentrions d'un voyage formidable à l'autre bout du monde, un projet que nous avions depuis longtemps. La perspective de ce voyage nous avait enthousiasmés pendant les mois qu'ont duré sa préparation, au point de me faire trembler lorsque, 6 mois avant de partir, mes règles se sont fait attendre un peu plus longtemps que prévu (ça me paraît si irréaliste maintenant !) C'est au cours de ce voyage ? en rentrant de ce voyage ? que nous nous sommes dit que maintenant, nous voulions un petit nous.
Il y a un an, en octobre 2014. Ce voyage effectué, plus de projet enthousiasmant à court terme. Nous étions de retour dans notre banlieue que je commençais au bout de 5 ans à avoir en horreur. Mon chéri et moi, nous avions toujours détesté la vie en banlieue, nous l'avions toujours considérée comme une étape provisoire. Mais là, presque brusquement, ce provisoire me semblé avoir trop duré. Il me restait mon travail, que j'aimais. Mais même là, ça commençait à ne plus aller. L'année dernière (je suis prof, je parle en année scolaire) j'ai eu de moins en moins de plaisir à enseigner. Difficile de discerner les causes des conséquences, tant tout s'enchevêtre : mon envie de quitter la région, le départ en 2de l'année précédente d'une génération d'élèves à laquelle je m'étais particulièrement attachée, l'ambiance au collège qui se dégradait de semaine en semaine... Finalement, la seule chose qui m'enthousiasmait encore, c'était les collègues. Par les collègues, j'entends certains collègues, les amis. Comprendre ici : Aliénor et Laureline.
Il y a un an Aliénor, puis Laureline m'ont annoncé qu'elles ne finiraient pas l'année scolaire avec moi. Et quand elles m'ont parlé de leurs échecs précédents (la fausse couche d'Aliénor, et la GEU de Laureline), bien malgré moi j'ai été blessée. Non pas qu'elles ne m'en aient pas parlé, mais de comprendre qu'elles en avaient parlé, ensemble, pendant toute l'année précédente, qu'elles n'avaient même probablement parlé que de ça. Je me suis sentie exclue de notre petit trio, ce qui a rajouté à mon mal-être de l'époque.
Alors oui, il y a un an, j'avais hâte. Hâte d'être enceinte, au point de m'imaginer l'être à chaque fin de cycle. Au point, un soir d'ivresse, d'avoir déclaré à mes 2 amies que j'étais "sûre et certaine" de l'être car j'avais "très très" mal aux seins... avant de me réveiller avec mes règles le lendemain matin.
Je pourrais continuer comme ça un moment... Tout ça pour dire qu'il y a un an, j'avais le sentiment que j'avais "besoin" d'être enceinte. Pour que ma vie change, pour aller de l'avant.
Alors qu'est-ce qui a changé ? Tout. Un nouvel appartement (que j'adore !), dans une ville et un quartier que j'adore. Un nouveau lieu de travail, où je suis repartie de zéro, où je retrouve le plaisir (et la difficulté, ne nous voilons pas la face) d'enseigner à un public difficile. Je redécouvre aussi le plaisir de vivre en ville, et de sortir. Alors oui, je suis loin de mes copines, mais on se parle souvent. Et puis, peut-être que passer tout mon temps au travail avec 2 mamans n'aurait pas été top, un peu à l'image de ces quelques jours passés chez Laureline cet été : j'ai adoré retrouver mes copines, mais 3 jours à régler tout notre emploi du temps sur celui de 2 bébés dont un nouveau-né, quand on n'est pas parent soi-même, c'est bien assez.
Aujourd'hui, je me sens à ma place. Ce qui n'était pas le cas il y a un an.
Aujourd'hui j'ai toujours autant envie d'être enceinte. Mais je n'en ai sans doute plus autant besoin.